Nicolas et moi nous connaissons déjà depuis quelques années, et cela fait à peu près autant de temps qu’on parle d’une sortie « initiation » au surfcasting ; (je m’y connais autant dans cette technique qu’en pilotage d’avions de ligne, c’est dire…). Mon souhait se réalise, et je vais essayer de vous faire profiter des bons conseils de Nico ( et de ses potes de la « Golden Royale Team » )
Petite présentation rapide de Nicolas :
Je m’appelle Nicolas, j’ai 33 ans et j’habite dans le 22. Je pêche depuis plus de 20 ans, comme beaucoup j’ai commencé par la pêche en eau douce puis petit à petit j’ai pris goût l’eau salée. Je pratique de nombreuses techniques ; le surfcasting léger, la pêche au leurre de surface, la pêche verticale, en traction, au leurre souple en light…, et je recherche toutes les espèces de poissons. Mes trois cibles préférées sont le bar, le lieu et la « belle au sourcil d’or »
La belle aux sourcils d’or… le nom fait rêver, et nous allons essayer de voir la technique pour en sortir quelques unes.
Le jour dit, nous nous retrouvons non loin de l’un des nombreux spot de la « Team ». Sont présents Nico, Stéphane (encore un !!!) et moi. Une virile poignée de main, quelques plaisanteries, il est temps de se préparer. L’équipement est basique, des bottes, un coupe-vent étanche (au cas où, n’oublions pas que nous sommes en Bretagne), un sac à dos avec le petit matériel, une boîte avec les appâts, les cannes et le repose-cannes.
En nous rendant sur zone, la discussion commence :
Stef : « Commençons par le début, en admettant que je veuille me mettre à la pêche en surfcasting léger, de quel équipement ai-je besoin ?
Nico : « Le surfcasting léger est une pêche aux appâts comme le surfcasting « classique », la seule différence est que le matériel utilisé sera plus léger et un peu moins puissant pour plus de sensations lorsque l’on a un poisson au bout de la ligne… Pour débuter dans cette technique il faut avoir une canne surfcasting de 3.90m à 4.20m pouvant lancer des plombs de 50 à 150g; des cannes de type « buldo » ou « carpe » font très bien l’affaire aussi, elles ont l’avantage d’être plus légères. Il convient également d’avoir un moulinet mi-lourd à double oscillation pouvant ramener au moins un mètre de fil par tour de manivelle; ce dernier sera garni de nylon ou de tresse selon la préférence. Pour poser les cannes un trépied ou des piquets sont recommandés afin d’éviter d’abîmer son matériel car attention, le sel et le sable ne pardonnent pas! »
S : « Je vois quand même que ton sac à dos est bien rempli, qu’y-a-t-il de plus ? des objets secrets pour faire du poisson à tous les coups ? »
N : « Dans mon sac j’ai tout le petit matériel qui me servira à faire mes montages; des coulisseaux, des plombs, des émerillon baril, des attaches rapides, des perles molles, du fluorocarbone et des hameçons à hampe courte ou longue en fonction des appâts que j’utilise. J’ai également du fil élastique pour faire mieux tenir certains appâts fragile sur l’hameçon comme le couteau ou encore le crabe, du fil d’acier pour pêcher le congre de nuit et des perles de différentes couleurs pour pêcher les poissons plats. Malheureusement je n’ai pas de secret pour faire des poissons à chaque sortie, il n’y a que l’expérience qui permet d’avoir des poissons régulièrement. Le seul objet « insolite » que j’ai, c’est un hameçon 2/0 fort de fer que mon ami « Archy » s’est fait plier par une grosse daurade royale lors de ma sortie avec lui et son ami Stéphane à la Ria d’Etel, il me l’a donné en souvenir… »
S : « rien que pour l’équipement de base, ça représente environ quel budget ? »
N : « Compter 150 euros environ pour un ensemble moyen de gamme comprenant une canne et un moulinet. Il faut également un trépieds (10 euros) et une bobine de nylon en 35/40 centièmes (5/7 euros). À ceci ajoutez tout le petit matériel ( plombs, coulisseaux, hameçons… ), avec 30/40 euros vous devriez pouvoir couvrir ces achats. »
S : « c’est raisonnable, d’autant que je crois que les appâts ne coûtent pas trop cher ?»
N : « En effet, pour avoir des appâts, il suffit juste d’aller les récolter à marée basse sur l’estran! Par exemple on peut trouver des arénicoles très facilement par tous coefficients environ 2/3 heures avant le bas de l’eau, on les repère grâce aux spirales qu’elles déposent à la surface du sable. Pour les autres appâts comme le couteau, le bibi ou encore la mye, c’est un peu plus compliqué car bien souvent il faut des coefficients importants, supérieur à 80/90 pour s’en procurer. »
Nous voici sur zone ; le matériel est vite en place, trepieds, cannes. Il est temps de monter les bas de ligne, c’est assez simple, il faut :
- 1 plomb assez lourd type « portugais »
- 1 coulisseau
- 1 amortisseur
- 1 emerillon
- 1 m environ de fluoro assez fort (40 %) sur lequel on esche l’appât choisi
Il va maintenant falloir mettre un appât sur l’hameçon. Je reprends mes questions :
S : « Quels sont les appâts possibles pour la dorade royale ? »
N : « Arénicoles, bibis, myes, crabes, moules, coques, couteaux, pistiches… il y a l’embarras du choix! La seule condition importante pour qu’ils soient efficaces, c’est que ces appâts doivent être extra frais! Il vaut mieux en avoir toujours 2/3 différents à proposer à notre chère « belle au sourcil d’or » car parfois elle est très difficile et ne cible qu’une seule esche… Toutefois certaine appâts comme l’arénicole restent pêchant régulièrement tout au long de la saison. »
S : « Ces appâts sont aussi valables pour le bar ? et pour d’autres espèces ? » …Réponse : « Il n’est pas rare, lorsque nous pêchons la daurade royale, de sortir d’autres variétés de poissons comme de la daurade grise, du rouget, du poisson plat… et parfois de très jolis bars! En fait, tous les poissons existants sur nos côtes sont susceptibles de mordre aux appâts… »
S : « où peut-on se procurer tout ça ? »
N : « Ces appâts s’attrapent en général sur les plages sableuses et sablo-vaseuses. Les arénicoles et les crabes sont les plus faciles à trouver, il y en a quasiment partout le long de nos côtes costarmoricaines. Les autres esches sont sur des zones plus ciblées qui découvrent sur des coefficients assez importants; les couteaux et les myes, que l’on attrape avec du sel, préfèrent les plages sablo-vaseuses, il y en a beaucoup sur la côte de Granite Rose. Le bibi est un met de choix aussi mais il est assez difficile à trouver, quelques plages de la baies de Saint Brieuc permettent d’en bêcher tout de même assez facilement. La pistiche est sans doute l’un des meilleurs appâts mais aussi le plus compliqué à débusquer. Elle vit dans un environnement très spécifique à base de débris de coquillages; ceux qui connaissent des bons spots les gardent bien précieusement! »
Maintenant que nous en savons plus, passons à la pratique. On enfile le ver (ou le couteau) sur une aiguille creuse. Il est fortement conseillé (mais pas obligatoire) de ligaturer l’appât, afin d’éviter qu’il ne se défasse au lancer. C’est assez facile, avec du fil spécial ligatures élastique, on saucissonne le ver comme un roti… Puis on passe l’esche sur l’hameçon, et c’est prêt à lancer !
S : « peux-tu m’expliquer la technique du lancer : visiblement mon premier « jet » n’a pas été très efficace, et c’est assez déroutant quand on a l’habitude de pêcher aux leurres « light » ? »
N : « C’est normal… La pêche au leurre et la pêche en surfcasting sont complètement différentes, ne serait ce que par le poids du matériel. Lorsque l’on pêche aux appâts on cherche à envoyer la ligne le plus loin possible, il faut donc mettre beaucoup de puissance dans le lancer. Il n’y a que l’expérience qui peut permettre de bien jeter sa ligne. D’ailleurs, les lancers que tu as effectué ensuite étaient beaucoup mieux!
Voici les gestes à adopter pour un bon lancer avec un montage coulissant:
1 – Faites descendre le plomb environ 50cm en dessous de l’anneau final de la canne
2 – levez le pick-up en tenant le fil avec votre index
3 – Retournez vous d’un quart de tour vers la droite
4 – mettez la canne vers l’arrière, moulinet au dessus de l’épaule droite
5 – Faites descendre le plomb le plus bas possible sans que l’appât ne touche le sol
6 – Propulsez la canne vers l’avant en utilisant le talon comme levier
7 – Libérez le fil de votre index (à l’instinct 😉 ) et laisser le plomb filer loin devant
Remarque: Un petit conseil pour les débutants, utilisez des bas de lignes courts pour être plus à l’aise pour lancer.
Une fois la ligne à l’eau, on laisse filer un peu la ligne (en fonction de la profondeur, plus ou moins longtemps), on referme le pickup et on repose la canne sur le support.
S : « et maintenant, on attend ? »
N : « Et oui la patience est de mise en surfcasting léger. S’il n’y a pas de touche, ramener la ligne régulièrement, toutes les 10 minutes environ, pour vérifier l’état de l’esche. Les crabes et autres petits crustacés peuvent avoir nettoyé l’hameçon sans que l’on ait pu s’en rendre compte… En général lorsque l’on a une royale qui vient manger l’appât, on voit des petites touches plutôt discrètes mais nerveuses en même temps. En fait il faut imaginer la daurade qui tente de croquer l’appât en faisant du « sur place »… »
S : « Une fois qu’un poisson goûte l’appât, on fait quoi ? »
N : « Dès que l’on a le moindre doute qu’une daurade royale est autour de la ligne, il vaut mieux saisir la canne en main et essayer de prendre contact avec l’esche en faisant en sorte que le poisson ne sente aucune résistance. Ensuite attendez que ce dernier tente de fuir l’appât en bouche pour le ferrer fermement afin que l’hameçon se pique dans sa mâchoire massive. Pendant le combat il faudra être prudent, surtout si vous avez affaire à un gros poisson, car la daurade est très maligne. Le frein du moulinet devra être bien réglé et il faudra vous méfiez de ses « rushs » jusqu’au dernier mètre! »
S : « Quel est le moment de la marée le plus propice ? le coefficient est-il important ? »
N : « Lorsque je suis en bord de mer, je préfère pêcher autour de la marée haute. Je favorise les coefficients supérieurs à 80/90 car les sparidés ont tendance à se rapprocher de la côte quand la marée est importante. Lorsque les coefficients sont inférieurs à 80 je recherche la « belle au sourcil d’or » dans les eaux saumâtres des estuaires. En général j’arrive deux heures avant le bas de l’eau et j’insiste une ou deux heures après l’étale.
Le coefficient a donc beaucoup d’importance car c’est lui qui influencera sur le choix d’un spot plutôt qu’un autre… »
S : « a quelle période de l’année peut-on trouver des daurades royales ? »
N : « Dès le début du printemps ces sparidés se rapprochent de la côte, en général les daurades royales arrivent en bancs, ce qui explique que l’on peut faire de très belles pêches en début de saison, puis elles se dispersent tout au long de nos côtes. La « belle au sourcil d’or » fréquente des secteurs où il y a beaucoup de nourriture; ports, zones ostréicoles, zones conchylicoles, estuaires… On peut également la trouver sur certaines plages, notamment la nuit. Elles repartent en général au courant de l’automne même si depuis quelques années elles ont tendance à rester de plus en plus tard; un joli spécimen a même été sorti le jour de Noël l’année dernière! »
S : « je connais un peu la côte ; mais comment être sûr (sans donner tes coins), que la zone sera propice à la daurade royale? »
N : « La recherche d’un zone est gratifiante, et permet aussi d’apprendre par soi même plutôt que de « piquer » des coins ou se rencarder… Voici quelques conseils pour trouver vous même le spot « idéal » pour la royale. La zone doit être abondante en nourriture… En bord de mer comme en estuaire cherchez des spots où l’on trouve beaucoup de coquillages à marée basse. Les moulières naturelles aussi sont excellentes, sans oublier les zones ostréicoles et conchilicoles. L’idéal est de pêcher dans un courant proche ou le plus près possible de cette nourriture; il faut savoir prendre des risques si l’on veut taper un joli poisson! Cette saison j’ai délaissé mes spots habituels pour chercher de nouvelles zones… Ça a été très compliqué mais en bateau comme du bord nous avons validé plusieurs nouveaux spots qui, je l’espère, porteront leurs fruits en 2016. Finalement, avec l’expérience je me rends compte que les « belles aux sourcils d’or » se baladent un peu partout sur nos côtes et qu’elles sont de plus en plus nombreuses, il faut juste être au bon endroit, au bon moment avec le bon appât! »
Nos lignes sont à l’eau depuis un moment, nous avons essayé plusieurs appâts différents mais nous n’avons toujours rien. Ce n’est visiblement pas le bon jour ! Nico aura juste réussi à sortir une très belle araignée male :
La session se termine. Il est temps de « plier les gaules » ; même si nous n’avons pas attrapé de poisson, j’aurai au moins appris énormément de choses lors de cette session. Merci Nico (et Stef) pour vos conseils éclairants !
Pour en savoir plus, et suivre aussi les sessions que fait Nico et sa « Team Golden Royale », je vous invite à visiter son blog (Royalelabrax22), mis à jour régulièrement et qui contient plein d’articles intéressants !
Voici pour terminer une petite vidéo réalisée l’année dernière sur la pêche de la daurade royale en surfcasting, bon visionnage…
Ping : Surf-casting : une sortie d'exception ! | Fish à l'Affiche
« piquer » des coins….
belle mentalité !!!
Est-ce que quand la personne est décédé on peu aller pêcher sur « son » coin, ou alors c’est encore considéré comme « piquer » ???
J’ai horreur des faux pêcheurs qui partage des infos connues de tous, mais des qu’il s’agit de donner une vrai info il n’y a plus personne.
Hooo !!!! arrêter de croire que vous allez vivre éternellement !!! Heureusement que les vrais pêcheurs partagent, sinon nous ne serions pas beaucoup à savoir faire un montage ou savoir pêche tout simplement !!!
Bonjour
Le but premier de l’article est d’expliquer à ceux qui n’ont jamais pratiqué le surfcasting (et il y en a, j’en fait partie et je ne suis pas le seul) les bases pour bien débuter. Cela n’empêche en rien la connaissance du milieu, indispensable pour trouver de bons coins. Cela m’amène sur le sujet du partage de ces « coins » :
« quand un homme a faim, mieux vaut lui appendre à pêcher que de lui donner un poisson » dit le proverbe chinois. Je pense que ça s’applique très bien au problème soulevé. En effet le partage de la passion de la pêche ne se limite pas à la technique, mais aussi à la recherche personnelle de spots, ce qui permet de mettre en pratique sa compréhension du milieu. C’est le but premier de ce blog, apprendre à ceux qui ne savent pas (et je ne doute pas que vous n’êtes pas dans cette catégorie) et non leur donner les coins où pêcher ! Car même en admettant qu’on donne un coin, encore faudrait-il savoir comment l’aborder… (par exemple en PEK, une zone propice pourra donner de bons résultats à celui qui saura se positionner par rapport au courant et jeter son leurre au bon endroit!)
Le pêcheur, même très bon techniquement qui ne comprend pas comment fonctionnent les marées, ne connaît rien au comportement des espèces recherchées et à leur vie dans leur milieu ne peut pas être un bon pêcheur ! C’est ce qu’a voulu expliquer Nicolas (très succinctement je l’accorde) dans sa réponse.
J’ajouterai à cela qu’en mer, le comportement des espèces est assez souvent difficile à appréhender. Il n’est pas rare qu’une zone qui était très poissonneuse le devienne moins, et ce pour de multiples raisons ; cela peut être une forme de surpêche (un coin trop fréquenté), la raréfaction de la nourriture, pour cause de pollution(s) etc… D’où l’intérêt à se remettre en question et chercher de nouvelles zones, ce qui peut rapporter de belles sessions ! (et rien n’empêche de tomber justement sur un de ces fameux « coins » qui n’ont pas été donnés. CQFD)
Bien cordialement,
Stéphane.
Bonsoir,
La mer est vaste et elle n’appartient à personne (encore heureux…) et chacun est libre de pêcher où il veut. Il est très important de partager son expérience avec ceux qui le méritent, et je suis le premier à le faire avec des personnes de tous les coins de la France, que ça soit pas mon blog, Facebook ou encore Youtube. Malheureusement il existe une minorité de pêcheurs locaux qui passent leur temps à chercher où les autres font leurs poissons plutôt que de prospecter eux mêmes, c’est tellement plus simple…. Sur les photos ils regardent le paysage pour savoir à quel endroit on est, plutôt que d’admirer le poisson… J’en ai fait les frais plusieurs fois sur des spots où je n’avais jamais vu personne; il a suffit que je partage une photo, et la semaine suivante il y avait 3/4 pêcheurs sur la zone. Donc qu’on ne dise pas que certains pêcheurs ne piquent les coins des autres! Mais le pire dans tout ça, c’est qu’ils ne font pas forcément du poisson. J’ai même eu une fois un lecteur de mon blog qui a eu le culot de me demander comment je pêchais exactement sur un spot précis car lui y est allé plusieurs fois et il n’a rien attrapé… Certains n’ont honte de rien… D’ailleurs j’étais resté poli avec lui et je lui avais répondu: « j’ai passé trop d’heures au bord de l’eau pour comprendre ce spot, ce n’est pas pour donner toutes les infos au premier venu… »
Bref… Mais je vous rassure, mes meilleurs spots je ne les partage plus, et bizarrement je n’y vois jamais personne… Etrange non?
Nicolas.